Street art et nouvelles technos : un combo innovant !

En 2013, dans la nuit du 19 novembre, le promoteur immobilier Jerry Wolkoff recouvre de blanc les murs de Five Pointz dans le Queens à New York. Cinq ans plus tard, un tribunal l’oblige à verser la somme de 6,75 millions de dollars aux auteurs des œuvres détruites.

Ce fait divers questionne le grand paradoxe de l’art urbain : né pour être éphémère, il vise l’éternité ! Il s’est même institutionnalisé en entrant dans les musées en en conquérant le marché de l’art contemporain…

Est-ce encore de l’art vandale ? Oui, parce que les artistes sont des hackers en puissance : rue, internet, jeux vidéos, et maintenant drones et I.A !

NUMÉRISER L’ART VANDALE

La numérisation participe à cette remise en cause de ce qui faisait l’essence-même des premiers graffitis : leur vulnérabilité aux aléas du temps et des lieux. Les captations photographiques de Martha Cooper avaient déjà mis en boîte les graffitis pour les immortaliser ; à l’heure du numérique, c’est maintenant une seconde vie qui est donnée aux œuvres.

C’est ce que le film de la salle cathédrale de 25 mètres de hauteur révèle. Les images projetées montrent des œuvres aujourd’hui disparues mais sauvées par les nouvelles technologies.

Mehdi Mejri, producteur du studio Atlas V, a utilisé l’IA, la 3D, le motion design pour augmenter la qualité de l’assemblage des images du film. Ces techniques de pointe favorisent l’expérience immersive et contemplative. 

SE PRENDRE POUR ICARE

Les nouvelles technologies ont été le fondement de l’émancipation pratique artistique in situ ; elles ont été inhérentes à l’idée de peindre grandeur nature.

Parce qu’ils recherchent la performance, les artistes ont vu de plus en plus grand !  L’avénement des drones a permis de satisfaire leur goût pour le gigantisme et les fresques démesurées, réalisées dans des espaces de plus en plus inédits et vertigineux.

SAYPE a véritablement hacké les drones pour peindre des fresques gigantesques au sol. Entre street art et land art, il cherche à tisser une chaîne humaine à travers toute la planète pour créer une solidarité à l’échelle planétaire.

Le drone devient dans son travail un acteur et un instrument qui lui permet non seulement de peindre mais aussi de documenter et de partager son travail.

Jusqu’à présent, on pouvait marcher sur l’œuvre sans en avoir la vue globale. À l’heure des drones, on la voit du ciel ! Le film en met "plein la vue", littéralement !

ENTRER DANS LE METAVERSE

La salle triangle surprend le visiteur avec des 10 mètres sous plafond et ses deux pans de murs entièrement vidéo projetés qui permettent une fuite dans les images.

Elles sont inspirées d’un jeu vidéo qui a cartonné récemment Only up : on monte sur des éléments à l’infini dans un espace sans gravité. Effet vertigineux garanti !

Grâce au moteur de jeu Unreal, les concepteurs de cet espace ont créé un mini metaverse constitué d’objets en 3D recouverts de graffitis existants.

On retrouve des graffitis réalisés sur des camions, des trains de marchandises ou des murs replacés sur des éléments iconiques comme le fameux camion Ford des séries américaines.

Laissez-vous hacker par ces œuvres démiurgiques qui flirtent avec l’hybris !

Exposition coproduite par Grand Palais Immersif et Atlas V