Savez-vous qu'Alphonse Mucha est l’un des artistes les plus appréciés au Japon ?
La beauté, la grâce et la sensualité qui se dégagent de ses portraits féminins fascinent les Japonais qui ne cessent de s’en inspirer depuis plus d’un siècle.
La Mucha-mania s'empare du Japon dès les années 70
Il est particulièrement remarquable de voir l’influence qu’a exercée Alphonse Mucha sur différents mouvements artistiques dans les années qui ont suivi sa mort : l’art psychédélique dans les années 1960 puis les mangas japonais depuis les années 1970.
Le travail de Mucha était connu dans le petit cercle des artistes japonais "fin de siècle" associés à la revue Myōjō, mais c’est bien plus tard que cet artiste a été publié, exposé et qu’il a pu toucher un large public. Il faudra attendre les années 70 et le projet de Jiří Mucha qui monte une exposition "Mucha au Japon", invitée dans plusieurs musées japonais.
Aujourd’hui, Mucha compte parmi les artistes européens les plus populaires au Japon.
Pourquoi une telle fascination pour le style de Mucha ?
Quand le pays du Soleil levant s’ouvre au monde en 1854, l’Occident s’émerveille de ses estampes et de ses décorations.
L'Art nouveau se laisse séduire par le Japonisme dès les années 1860 : les artistes se passionnent pour la porcelaine et la laque ; ils découvrent les croquis d'Hokusaï...
Les arts décoratifs se mettent à mode du Japon. Ils se nourrissent de ce sens du détail si précieux, des couleurs pastels et de cet esthétisme totalement nouveau pour l’époque.
Et la réciproque est vraie ! L’œuvre de Mucha a pénétré profondément la sensibilité esthétique japonaise et son effet est visible jusque dans les travaux des mangakas.
Il y a une forte résonance stylistique entre l’art de l’affiche développé par Mucha et la tradition de l’estampe ukiyo-e, mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo. Ils ont en partage une même sensibilité et une même intention philosophique.
Ce sont ces liens que l'exposition révèle et explore en mettant en miroir les œuvres de Mucha et certaines planches de mangas japonais.
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Laissez-vous entraîner dans la Mucha-mania en profitant des derniers mois de l'expo ! Vos enfants et adolescents y trouveront de quoi affûter leur plume de mangakas en herbe.
Exposition coproduite par Grand Palais Immersif (filiale de la Rmn - Grand Palais) et la Fondation Mucha, Prague.
Jeux d'influences
















Assistez à la conférence "Mucha et le Japon, du japonisme aux mangas", animée par Brigitte Koyama-Richard, professeure émérite de l’université Musashi et spécialiste de la culture japonaise.
Observez par exemple le jeu de réécriture entre La Brune de Mucha et La Deedlit ensommeillée d’Izubuchi.
On retrouve dans les deux portraits féminins, un profil digne de la Renaissance, l'influence de l'art byzantin, le même goût pour le symbolisme.